SORTIR DE L'EURO?

Publié le 12 Septembre 2012

                          

 

 

€uro - La sortie

 Bref, ce faisant, The Economist tord le cou au mythe qui veut que l’économie des pays qui quitteraient l’euro s’effondrerait. Bien gérée, cette sortie serait au contraire une bouffée d’air frais, comme le confirme l’histoire économique, comme montré par Jonathan Tepper. Le mémo étudie également les coûts pour l’Allemagne. Il estime à 3% du PIB Allemand (80 milliards) le montant des transferts annuels que Berlin devrait se résoudre à accepter pour soutenir les économies en difficulté.

 Face à cette addition (dans le bas de l’échelle des autres estimations faites jusqu’à présent), la note souligne que le coût d’une sortie est finalement acceptable. Il chiffre la coût à 118 milliards pour une sortie seule de la Grèce (avec un nouveau plan d’aide de 50 milliards) et 496 milliards pour 4 pays. Néanmoins, près de la moitié de cette somme (et 30% dans le seul cas de la Grèce) vient du solde des dettes Target 2 du système des banques centrales. Mais je ne suis pas sûr que cela soit vrai et serais heureux d’en débattre avec les personnes compétentes sur la question

Mon sentiment est que l’Allemagne refusera de mettre plus d’argent sur la table pour essayer de faire fonctionner l’euro mais ne souhaite pas prendre l’initiative de son démontage. Après tout, les chiffrages du coût d’un maintien de la monnaie unique sont exorbitants : entre 3 et 7% du PIB par an, ad vitam aeternam, quand le MES ne représente qu’une garantie à hauteur de 8% du PIB, qui ne sont que prêtés (et donc devraient être récupérés) !

 En outre, les euros obligations proposées par l’institut Bruegel, dont certaines élites françaises sont tellement friandes, reviennent à demander une caution solidaire de 4000 milliards d’euros, soit 150% du PIB du pays ! Du coup, le coût d’une sortie semble finalement faible par rapport au coût du maintien de la monnaie unique (d’autant plus que les estimations de The Economist, dont une des sources est la Commission…, sont sans doute trop fortes).

 Comment l’Allemagne pourrait-elle ne pas avoir envie de revenir au deutsche mark plutôt que de continuer avec cette construction baroque et artificielle dont la note est sans cesse revue à la hausse, et qui leur vaut d’être accusée de basculer dans un 4ème reich par la presse d’Europe du Sud ? Mais l’histoire étant l’histoire, Berlin ne souhaite sans doute pas prendre l’initiative. Du coup, le mieux consiste sans doute à laisser pourrir la situation en évitant que que l’addition ne grimpe davantage (à dire vrai, le temps passant, une partie des fonds prêtés aux pays autres que la Grèce peuvent au contraire être récupérés). Les conditions imposées aux pays « aidés » devant in fine les pousser à quitter l’euro.

 Je ne suis pas certain que l’Allemagne ne sache pas ce qu’elle veut. Elle ne veut pas, légitimement, régler une addition sans cesse revue à la hausse. Du coup, Berlin refusera tout saut fédéraliste, condamnant à l’avance l’aventure monétaire européenne pour protéger les intérêts financiers du pays.

Laurent Pinsolle

THE ECONOMIST

C'est un article paru dans la presse anglaise qui m'a été transmis par Yves Pigis

Rédigé par moulin

Publié dans #Argent public

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